Le poids du « care » : quand les femmes oublient leur santé

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Le poids du « care » : quand les femmes oublient leur santé
28 mai 2025
Le 28 mai marque, comme chaque année, la Journée internationale d’action pour la santé des femmes. Un évènement d’autant plus important que la majorité des Françaises négligent leur état de santé. Plusieurs études soulignent ce manque d’égard des femmes envers elles-mêmes malgré leur exposition accrue aux facteurs de risques de maladies. Les employeurs appelés à se saisir de cet enjeu de société peuvent inciter les salariées à prendre en main leur santé, notamment par des campagnes de sensibilisation ou des mesures d’accompagnement.
Elles se soucient davantage de la santé de leurs proches que de la leur
Selon une étude de l’association AXA Prévention réalisée auprès de 1 300 femmes(1), 81% des sondées se disent plus préoccupées par la santé de leur entourage que par la leur. Toujours d’après AXA Prévention, 57% des mères déclarent s’occuper exclusivement de la santé de leurs enfants, contre à peine 5% des pères.

Cette priorité que se donnent les femmes de se soucier de la santé de leurs proches au détriment de la leur vient, en grande partie, de ce que les sociologues et psychologues appellent le « care ». Le care manifeste la disposition « à faire attention à autrui ». Ce comportement, souvent acquis dès l’enfance, s’inscrit dans une norme sociale encore largement répandue qui associe les femmes à la prise en charge des autres, parfois au détriment de leur propre santé. La profession d’infirmière n’a-t-elle pas été reconnue en France dès le 19ème siècle ?
Les femmes ne s’écoutent pas assez
Selon AXA Prévention, sept femmes sur dix (70%) estiment qu’être « en bonne santé » équivaut à « ne pas être malade », soit 8 points de plus que les hommes (62%). Cette différence se traduit aussi dans les comportements : seules 38 % des femmes réalisent des bilans de santé réguliers, contre 45 % des hommes selon la même étude (1). Par ailleurs, elles sont plus nombreuses à retarder leurs consultations médicales (77 % contre 65 % des hommes) et à avoir recours à l’automédication (85 % contre 76 %). Ces écarts illustrent une tendance marquée chez les femmes à minimiser leurs besoins médicaux ou à les mettre de côté, souvent faute de temps ou par culpabilité à s’occuper d’elles-mêmes.

Elles présentent pourtant des risques à surveiller
Ces comportements de report ou de banalisation peuvent avoir des conséquences sérieuses. L’évolution des modes de vie – intégration massive des femmes dans le monde du travail, stress accru, consommation d’alcool et de tabac en hausse – a modifié leur profil de santé au fil des décennies. Ces facteurs ont notamment un impact sur le système cardiovasculaire, aujourd’hui première cause de mortalité chez les femmes.
Tous les jours, 204 femmes meurent d’une maladie cardiovasculaire en France, selon la Fondation pour la recherche médicale(2). À titre de comparaison, 75 femmes décèdent quotidiennement d’un cancer du sein. Actuellement, un infarctus sur quatre survient chez les femmes avant leurs 65 ans, au lieu d’un sur six il y a vingt ans.
Outre la plus grande consommation d’alcool et de tabac par rapport à leurs aînées, ce phénomène s’explique par les variations hormonales. Il existe trois périodes spécifiques à la vie d’une femme où le risque cardiaque est majoré : la prise d’une contraception à base d’œstrogènes non naturels, la grossesse et la ménopause.
L’employeur a un rôle à jouer
L’employeur peut aider les salariées à mieux prendre en charge leur santé. Il peut, par exemple, les autoriser à consulter un médecin pendant les heures de travail, les inciter à faire un bilan de santé et les sensibiliser aux dangers de la consommation d’alcool et de tabac.
L’employeur peut également organiser pour les salariées des ateliers de diététique, les inviter à pratiquer une activité physique régulière en prenant en charge une partie de leur abonnement sportif, nouer des partenariats ou encore les alerter sur le risque cardiovasculaire.
(1) https://www.axaprevention.fr/fr/article/sante-des-femmes-etude-axa-prevention