Selon un récent rapport de la Cour des comptes, un nouveau retraité sur dix ne perçoit pas le bon montant de pension de vieillesse. C’est dire l’importance de consulter régulièrement son relevé de carrière pour éviter les erreurs sur sa future retraite.
Qu’est qu’un trimestre de retraite ?
- Le fondement des régimes de retraite obligatoires en annuités
En France, la quasi-totalité des régimes de retraite de base obligatoires sont des régimes en annuités, contrairement aux régimes de retraite complémentaire obligatoires qui sont des régimes en points. Concrètement, les cotisations vieillesse de base prélevées sur les revenus professionnels permettent de valider des trimestres dans les premiers, tandis que les cotisations vieillesse complémentaires permettent d’acquérir des points dans les seconds. Il faut valider quatre trimestres dans l’année pour acquérir une annuité complète dans un régime de retraite de base.
- La validation des trimestres
Dans le secteur privé, il faut gagner l’équivalent de 150 heures payées au Smic (1 782 euros brut en 2025) pour valider un trimestre au régime de retraite de base. Une rémunération correspondant à 600 (150 x 4) heures Smic (7 128 euros brut en 2025) permet ainsi d’acquérir une annuité.
Si le salaire annuel du salarié excède 600 heures Smic, la fraction supérieure de sa rémunération demeure soumise aux cotisations vieillesse de base, mais ne permet pas de valider de trimestres supplémentaires.
- La différence entre trimestres cotisés et trimestres assimilés
Il existe deux types de trimestres de retraite : les trimestres cotisés et les trimestres « réputés cotisés » ou « assimilés ». Les premiers sont, comme leur nom l’indique, validés à la suite des cotisations vieillesse versées. Les seconds sont octroyés « gratuitement » (sans contrepartie de cotisation) pour compenser les périodes durant lesquelles les actifs sont dans l’incapacité de travailler et donc de cotiser (service militaire, maternité, chômage, arrêt maladie, invalidité…). Les trimestres assimilés ne servent qu’à atteindre le taux plein à partir de l’âge légal de départ à la retraite.
Pourquoi les trimestres de retraite sont-ils importants ?
- Pour atteindre le taux plein, voire la surcote
Les trimestres de retraite sont très importants, car les actifs (dont les salariés) doivent disposer de leur durée d’assurance – un nombre de trimestres qui varie selon leur date de naissance (voir tableau) – pour toucher une retraite complète (taux plein). Dans le cas contraire, la pension de base est minorée de 1,25% par trimestre manquant et la pension complémentaire (servie par l’Agirc-Arrco dans le cas des salariés) se voit appliquer un coefficient de minoration.
Cependant, pour un départ à la retraite à partir de 67 ans, les pensions sont liquidées au taux plein (50 %), quel que soit le nombre de trimestres cotisés et assimilés. Les pensions complémentaires ne sont pas affectées par un coefficient de minoration. La pension de base est calculée au prorata des trimestres acquis par rapport aux trimestres requis.
Et la surcote ?
Lorsque l’assuré continue à travailler au-delà de l’âge légal et qu’il a déjà atteint le nombre de trimestres cotisés requis pour le taux plein, il bénéficie d’une majoration de sa pension de base appelée surcote :
- Taux de surcote : +1,25 % par trimestre supplémentaire cotisé après l’âge légal et au-delà de la durée d’assurance requise.
- Cette surcote s’applique uniquement sur la pension de base (pas à la complémentaire).
| Date de naissance de l’assuré | Durée d’assurance requise à date (réforme 2023) |
| Du 1er janvier 1955 au 31 décembre 1957 | 166 trimestres |
| Du 1er janvier 1958 au 31 décembre 1960 | 167 trimestres |
| Du 1er janvier 1961 au 31 août 1961 | 168 trimestres |
| Du 1er septembre 1961 au 31 décembre 1962 | 169 trimestres |
| Du 1er janvier 1963 au 31 décembre 1963 | 170 trimestres |
| Du 1er janvier 1964 au 31 décembre 1964 | 171 trimestres |
| À partir du 1er janvier 1965 | 172 trimestres |
À noter : à la suite des discussions en cours concernant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), la réforme de 2023 pourrait être suspendue pour les personnes nées en 1964 et 1965, lesquelles ne devraient avoir besoin que de 170 trimestres.
- Un élément déterminant dans le calcul de la retraite de base
La retraite de base d’un salarié est calculée en combinant la moyenne de ses 25 meilleures années de rémunération (dans la limite du plafond annuel de la sécurité sociale – PASS), son taux de pension (50% pour le taux plein), ses trimestres cotisés et assimilés et sa durée d’assurance. C’est dire l’importance des trimestres.
À savoir : un salarié ne peut pas partir la retraite avant d’avoir atteint l’âge légal (l’âge minimum départ). La réforme de 2023 a progressivement augmenté l’âge de 62 ans à 64 ans. En cas de suspension de la réforme, les natifs de 1964 et 1964 pourront prendre leur retraite à 62 ans et 9 mois, au lieu de 63 ans et 63 ans et 3 mois.
- Un critère pour partir plus tôt à la retraite
La retraite anticipée pour carrière longue (RACL) est un dispositif qui permet aux actifs (y compris les salariés) de partir plus tôt à la retraite s’ils disposent de leur durée d’assurance requise et qu’ils ont commencé à travailler jeune.
Pour bénéficier de la RACL, il ne suffit pas d’avoir « tous ses trimestres » : il faut avoir tous ses trimestres cotisés (et non simplement validés). Les trimestres validés (par exemple pour chômage, maladie, maternité) ne sont pas pris en compte dans le calcul de la durée d’assurance pour ce dispositif.
Ainsi, selon sa date de naissance, un salarié qui remplit ces conditions peut partir :
- à 58 ans s’il a cotisé et validé 5 trimestres avant ses 16 ans,
- à 60 ans avec 5 trimestres cotisés avant 18 ans,
- à 62 ans avec 5 trimestres cotisés avant 20 ans,
- à 63 ans avec 5 trimestres cotisés avant 21 ans.
On ne connait pas, pour l’heure, l’impact d’une éventuelle suspension de la réforme des retraites de 2023 sur la RACL.
Comment peut-on contrôler ses trimestres de retraite ?
- Le relevé de carrière
Tous les actifs (dont les salariés) disposent d’un Relevé Individuel de Situation (RIS), plus communément appelé « relevé de carrière ». Ce document recense, à un instant T, l’ensemble des trimestres validés et des points acquis dans les différents régimes de retraite.
Depuis plusieurs années, ce service est dématérialisé, il est accessible en ligne, gratuitement, via le portail officiel info-retraite.fr ou votre espace personnel retraite.
Le RIS peut également être consulté à tout moment et gratuitement sur info-retraite.fr, le portail édité par le groupement d’intérêt public (GIP) Union Retraite qui représente les 35 principaux régimes français de retraite (sur les 42 existants). Il suffit pour cela de se créer un compte sur le site ou de se connecter par le biais de FranceConnect, la plateforme publique d’authentification, en utilisant ses identifiants fiscaux (impots.gouv.fr) ou encore d’Assurance maladie (ameli.fr).
Le relevé de carrière permet au salarié de vérifier si tous ses trimestres ont bien été comptabilisés.
- Le rendez-vous de mi-carrière
À partir de 45 ans, les actifs (dont les salariés) peuvent bénéficier d’un entretien information retraite (EIR). Ce rendez-vous dit « de mi-carrière » vise à faire le point, avec un conseiller de sa caisse de retraite, sur ses droits, leur évolution possible en cas de changements professionnels (passage à temps partiel, congé de formation, expatriation, création d’entreprise…) ou personnels (maternité, année sabbatique, maladie…), sur le futur montant de sa retraite par le biais de simulations, et sur les dispositifs permettant d’améliorer le montant de sa retraite (surcote, rachats de trimestres…).
L’EIR peut être l’occasion de contrôler, avec l’aide du conseiller, si des trimestres n’ont pas été oubliés.

Comment corriger les oublis de trimestres ?
- Directement auprès des caisses de retraite
À la moindre omission de trimestres constatée sur son relevé de carrière, il est conseillé de la faire rectifier rapidement. Plus le salarié se rapproche de son départ à la retraite et plus il prend le risque que la correction ne soit pas réalisée à temps et donc prise en compte lors de la liquidation de ses droits. La démarche est, toutefois, différente selon son âge.
Avant 55 ans, l’assuré doit contacter chacune des caisses de retraite auxquelles il est actuellement affilié et auxquelles il a été affilié par le passé. À partir de 55 ans, la demande de correction peut être effectuée en ligne sur info-retraite.fr et sera transmise automatiquement à l’ensemble des caisses concernées.
- Par le biais de son employeur
Les entreprises peuvent donner la possibilité à leurs salariés d’effectuer un bilan retraite. Ce document, qui vise à aider les collaborateurs à déterminer le meilleur moment pour prendre leur retraite et à avoir une idée de la pension qu’ils sont susceptibles de toucher, peut permettre d’identifier les oublis de trimestres.
L’employeur peut même offrir les services d’un conseiller retraite à ses salariés. Ce spécialiste effectuera un bilan retraite plus poussé. En cas d’omission de trimestres, il contactera lui-même les caisses de retraite pour qu’elles corrigent l’erreur.